Une histoire de bon sens…
L’agroécologie va chercher à intégrer dans sa pratique l’ensemble des paramètres de gestion écologique de l’espace cultivé, comme l’économie et la meilleure utilisation de l’eau, la lutte contre l’érosion, la favorisation des haies, le reboisement…
L’agroécologie, c’est cultiver avec la nature et avec l’humain… La planète de demain, c’est en partie, l’agriculture faite en respectant les besoins de la nature, la biodiversité, que l’on protège comme une ressource naturelle. A titre d’exemple, 750 000 km de haies ont été arrachées en France ces 20 dernières années, cela représente 18 fois le tour de la Terre. Les haies sont garantes de la biodiversité des sols, de l’abri des insectes ou encore des oiseaux…
L’heure du constat
Depuis des années, les techniques agricoles soumises à un gros travail du sol et à l’ajout d’intrants chimiques ont provoqué une dégradation et une diminution de la fertilité des sols. La vie dans les sols disparaît à petit feu, et force est de constater que nos sols sont sous perfusion. Ils sont productifs grâce aux engrais qui apportent « juste ce qu’il faut » aux plantes pour se développer.
L’espoir pour l’avenir…
Heureusement, il existe des alternatives à ces pratiques, qui donnent beaucoup d’espoir pour l’agriculture de demain… En effet, l’agroécologie, par exemple, permet des nouveaux métiers avec des agriculteurs et agricultrices qui aiment la nature et travaillent en cohésion avec elle. Cela permet de laisser place à une agriculture respectueuse et souveraine. C’est la plus belle et la plus efficace solution pour nourrir tous les humains.
il est important de comprendre l’étymologie de mot Agroécologie :
Agro = Agriculture
Eco = Habitat
Logie = Réfléchir
Concrètement ? Prenons l’exemple du fonctionnement de la forêt… C’est un cycle avec des plantes et notamment les arbres, pionniers de notre planète, créant de la photosynthèse avec leur feuillage, pour produire de la matière (feuilles, brindilles, branches) et enfin revenir au sol à l’automne.
Puis, toute cette matière est mangée, recyclée par le sol et tous ces individus appelés « la faune épigée » -qui vit en surface- va par la suite produire des déchets. Ces déchets deviennent de la matière organique broyée directement disponible pour les champignons qui vont ensuite transformer cela en humus.
L’humus est indispensable à la stabilité et à la fertilité d’un sol. Lorsque l’humus disparaît (par exemple à cause de pratiques culturales inadaptées qui épuisent les sols sans les nourrir en retour), le sol meurt, au sens littéral du terme et y faire pousser quelque chose n’est possible qu’à grand renfort d’engrais chimiques.
Le sol, si on regarde bien, c’est une unité de recyclage à lui tout seul, parfaitement organisé et tout ce qui va tomber au sol va être recyclé.
Dans la nature, si on l’observe, le sol est toujours couvert et jamais travaillé. On en vient à un des premiers points dans les pratiques, c’est toujours couvrir son sol.
L’agroécologie en pratique
- La couverture du sol ou paillage
Cela peut se faire soit grâce à un couvert vivant (trèfle, luzerne….) soit grâce à un paillage sur son sol avec une matière carbonée (paille, foin, BRF, feuilles, tonte sèche…) Plusieurs avantages au paillage :
- Limite les arrosages : couvrant, le paillage empêche les rayons du soleil de frapper directement sur le sol et freine considérablement l’évaporation de l’eau. En plus de protéger le sol des rayons UV, le paillage permet de retenir l’humidité par l’absorption et de diffuser cette humidité pour la plante, même en cas de sécheresse. Cela limite donc les arrosages.
- Limite l’enherbement : Tout d’abord, il s’agit de battre en brèche une idée trop souvent répandue : non, le paillage n’empêche pas le développement des mauvaises herbes. Pailler ne signifie pas arrêter de désherber. En revanche, incontestablement, le paillage joue un grand rôle pour limiter le développement des adventices, particulièrement en inhibant la germination de nombre d’annuelles. Les vivaces (chardon, liseron, chiendent, etc.) résisteront mais seront nettement plus faciles à extirper.
- Joue un rôle de régulateur thermique : le paillage temporise le réchauffement et le refroidissement du sol.
- Protège les fruits : cela est particulièrement vrai pour les cucurbitacées : le paillage protège les fruits des risques de pourriture qui peut se produire au contact du sol.
- Enrichit le sol : la paille qui se dégrade, renforce les sols fragiles et pauvres. Cette couverture naturelle assure leur cohésion et limite la déstructuration des sols.
- Limite l’érosion des sols : prenons un exemple, en cas de fort orage, on remarque que la terre s’en va avec le ruissellement de l’eau et part dans nos cours d’eau (rivières…) et cela est désastreux pour l’agriculture et pour l’environnement (apport de nitrate dans les cours d’eau). Dans cet exemple, la paille qui retient l’humidité par l’absorption de l’eau contribue à la lutte contre l’érosion.
2. Le non travail du sol
Ne pas labourer ou ne pas passer le motoculteur dans nos jardins peut paraître impensable pour beaucoup de passionnés, pourtant même si ces pratiques sont utilisées depuis près d’un siècle, on remarque aujourd’hui qu’elles ne sont pas durables pour la fertilité et la structuration du sol. En effet, d’année en année on déstructure les sols, on perd de la matière organique. Mais il faut comprendre pourquoi le labour à été mis en place… Il y avait la nécessité d’enfouir les mauvaises herbes mais aussi de favoriser l’implantation des cultures en ameublissant la terre, au moment des semis.
A l’inverse, le fait de ne pas travailler le sol, va permettre à la faune épigée de se développer, de créer de la matière organique assimilable par les plantes puis donc par les champignons. Les racines vont pouvoir aller chercher les minéraux et la matière organique plus facilement.
3. Maintenir et enrichir la fertilité du sol
Le paillage et le non travail du sol sont deux grands points qui favorisent l’enrichissement de la fertilité du sol. Moins on perturbe notre sol, plus la vie microbienne va pouvoir se développer en surface et donc notre sol va se fertiliser.
4. Recréer de la biodiversité
Plus le milieu est diversifié dans sa configuration en proposant des reliefs, des zones d’ombre et de soleil, des milieux boisés, de l’herbe, des pierres, etc plus il sera accueillant pour un riche panel d’espèces végétales et animales.
En favorisant les lieux d’abris des petits animaux tels que les hérissons, les musaraignes, les oiseaux mais aussi les reptiles et les batraciens, le jardinier se dote d’alliés de poids contre les insectes, les larves, les limaces, ou encore les chenilles. Et l’idée est de réussir à créer un équilibre entre les “ravageurs” et les auxiliaires. Pour cela, beaucoup d’aménagements sont possibles : une marre, une haie, un tas de branchages, des pierres, des nichoirs…
5. Maximiser les interactions entre les plantes et utiliser les propriétés des végétaux
Les plantes sont les premières à attirer les insectes. On remarque aussi que les insectes utilisent en générale deux sens pour repérer les plantes qu’ils aiment grignoter ou pondre : l’odorat et la vue. Pour cela, il est très simple de les perturber naturellement et de limiter leur côté ravageur.
En favorisant les associations de plantes, on remarque que certaines associations sont bénéfiques pour les plantes sur différents facteurs (apport de nutriment, de matière) mais aussi protection face à certains ravageurs. Plus concrètement :
- Bourrache : attire de nombreux pollinisateurs, il est intéressant de l’installer près des cultures qui demandent à être pollinisées (cucurbitacée, fraisier, ect…)
- Capucine : attire les pucerons qui vont donc se développer sur la fleur plutôt que sur nos légumes.
- Menthe : elle éloigne la piéride du chou et les altises, elle va les perturber par l’odorat.
- Maïs : il sert de tuteur aux haricots grimpants. Il permet de leur donner un peu d’ombre également ce qui améliore leur qualité car les haricots vont produire ainsi moins d’amidon que ceux cultivés en plein soleil.
- Courge : grâce à ses larges feuilles permet de créer un micro-climat au niveau du sol. Cela permet de garder l’humidité du sol, de le protéger de l’érosion due au vent et à la pluie, et de limiter la pousse d’adventices. Elle joue donc le rôle de paillage vivant. Ses épines permettent de protéger les cultures contre les herbivores.
Pour conclure…
Que peut-on retenir de tout cela ? Dans la vie, tout est un cycle. Celui de l’agroécologie pourrait se définir en 3 mots : PRODUIRE, CONSOMMER, RECYCLER
Quand on recycle tout, on ne manque de rien. A l’inverse, quand on ne recycle rien on manque de tout.